Clément Beaune, Haut-commissaire, souligne : « Quand on passe d’un chiffrage budgétaire à une mesure socioéconomique, le coût réel des Jeux est fortement réduit. »
DEPENSES PUBLIQUES : 6,6 MILLIARDS BRUTS, 7 NETS ACTUALISES
La Cour des comptes évalue les fonds publics à 6,6 milliards : 3,6 milliards pour infrastructures (Solideo, rénovation sites, baignabilité de la Seine) et 3 milliards pour organisation, dominée par la sécurité (1,4 milliard) et les transports (570 millions). Le CRÉDOC actualise ces montants, ajoute un coût d’opportunité de 20% sur les fonds publics et soustrait les recettes fiscales (TVA, impôts salariaux), aboutissant à un coût socioéconomique net de 7 milliards en euros 2024. Les contributions privées – billetterie (1,5 milliard), sponsors nationaux (1,2 milliard), CIO (1,2 milliard), médias et promoteurs (2 milliards) – ne sont pas décomptées, supposant un équilibre privé qui sous-estime les bénéfices globaux pour la collectivité.
HERITAGE INFRASTRUCTUREL : 2,9 MILLIARDS VALORISES
L’analyse intègre une valeur d’héritage partielle : 100% des investissements transports (hors surcoûts d’accélération), équipements scolaires et baignabilité de la Seine ; 50% des sites olympiques et d’entraînement. Ce legacy, à affiner par l’Institut Paris Région, s’élève à 2,9 milliards, couvrant des actifs durables comme le village olympique ou les transports franciliens améliorés. Cette approche distingue l’évaluation socioéconomique (bien-être collectif) d’une vision purement budgétaire, en monétarisant externalités et surplus sur le long terme.
SURPLUS DES FRANÇAIS : PRES D’1,3 MILLIARD POUR SPECTATEURS ET SALARIES
Les 3,7 millions de visiteurs ont généré un surplus de 320 millions : 78% des spectateurs olympiques (84% paralympiques) prêts à payer 30% de plus que les billets effectifs, selon l’enquête du ministère des Sports. Les téléspectateurs français (quatre cinquièmes des ménages) ajoutent 291 millions, valorisés à 21 euros par foyer pour les retransmissions gratuites (600 heures sur France Télé), nets d’un contrefactuel d’édition étrangère. Emplois temporaires (9 000 ETP, souvent pour publics éloignés : 163 millions de valeur collective) et primes/heures sup’ des agents publics (530 millions nets) complètent ce volet humain.
TOURISME CONTRASTE, TRANSPORTS EN PROGRES
Bilan touristique mitigé en Île-de-France : hôtellerie 2024 sous-performe 2023 hors épreuves olympiques (-13 millions de profit net malgré +3,7% des prix), tandis que les locations saisonnières explosent (+57 millions, Airbnb extrapolé). Pas d’héritage clair en 2025 (données Insee précoces). Transports : trafic routier réduit, RER +30% avec meilleure ponctualité/fréquence, vitesse automobile stable ou supérieure – bilan globalement positif, non chiffré, contrebalançant restrictions locales.
PRATIQUE SPORTIVE +6,4%, CARBONE EXEMPLAIRE
Licences sportives +6,4% (2023-2025) vs +1,7% tendance pré-Covid : 244 millions de bénéfices sanitaires (OMS), nets d’un effet modéré des JOP passés. Émissions : 2,1 MtCO₂ total (0,8 Mt France), coût 193 millions (valeur tutélaire 256 €/t en France ; 5 €/t étranger), moitié de Londres/Rio, comparable à Tokyo sans public – sobriété validée, bénéfice mondial non monétarisé.
COUT NET : 2,8 MILLIARDS, VOIRE 1,5 OPTIMISTE
Synthèse : coût net 2,8 milliards (VAN-SE), divisé par plus de deux vs budget public ; 1,5 milliard sous hypothèses favorables. Intangibles exclus (volontaires, parasport, fierté nationale, image France, biodiversité, transports/accessibilité : potentiellement 1 milliard) rendent cette borne haute prudente, selon le conseil scientifique. Bénéfices croissants attendus (héritage matérialisé dans le temps).
HORIZON ALPES 2030 : EVALUER MIEUX POUR ORGANISER MIEUX
Clément Beaune plaide pour un cadre robuste dès maintenant : « Mesurer mieux pour agir mieux », adaptant méthodes aux exceptionnels JOP hiver. Données manquantes (fan-zones, réseaux sociaux, volontaires) à combler. Pour le sport business, Paris 2024 benchmarke un legacy socioéconomique primant le budget : fierté, image et infrastructures durables comme leviers stratégiques pour sponsors, territoires et fédérations.
Alain Jouve