Depuis Bergen en 2017, puis Louvain en 2021, le Breton s’est imposé comme l’homme fort du cyclisme mondial. En huit ans, il a consolidé la gouvernance de l’UCI et accéléré l’internationalisation de la discipline. Le choix de Kigali n’est pas anodin, c’est la première fois que le Congrès et les Mondiaux se tiennent sur le continent africain. Un symbole fort pour des fédérations longtemps en marge, désormais au cœur du projet de l’UCI. « Il y a vraiment un engouement du cyclisme en Afrique », a souligné Lappartient, citant des figures comme Biniam Girmay ou Daryl Impey, qui ont déjà marqué le Tour de France. Sur le terrain, cela se traduit par le renforcement du Tour du Rwanda et par des bourses attribuées à de jeunes coureurs formés au Centre mondial du cyclisme, en Suisse.

La sécurité des coureurs, urgence prioritaire

La sécurité des coureurs s’impose comme une priorité. Les vitesses moyennes augmentent de façon inquiétante, +2 km/h sur les classiques en cinq ans. « Cela va de plus en plus vite. J’ai regardé la courbe des vitesses des classiques, on a gagné quasiment 2 km/h en 5 ans. C’est énorme », constatait le président de l’UCI cet été. Mais ces progrès techniques se heurtent aux dangers du mobilier urbain. Ralentisseurs, chicanes et îlots transforment les routes en pièges. L’UCI a déjà interdit les casques-cagoules et encadré la taille des guidons, mais l’enjeu reste considérable.

Autre dossier majeur, la lutte contre le dopage et la fraude technologique. Le cyclisme porte encore le poids des années noires, entre 1996 et 2010, où la confiance dans les vainqueurs du Tour s’est effondrée. « La crédibilité ne se regagne pas tout de suite », reconnaît le président de l’UCI, qui promet de poursuivre une lutte « pied à pied » contre toutes les fraudes. Un combat indispensable pour redorer l’image du sport.

Le cyclisme féminin en pleine professionnalisation

Depuis 2017, l’UCI a également accéléré le développement du cyclisme féminin. Paris-Roubaix et le Tour de France Femmes ont rejoint le calendrier, qui compte désormais 29 épreuves élite dans 12 pays et sur trois continents. Les 15 équipes WorldTour féminines disposent aujourd’hui d’un salaire minimum annuel fixé à 44 000 € bruts, un jalon important vers la parité. « Le développement du cyclisme féminin est une priorité absolue », rappelait le dirigeant breton.

L’UCI compte désormais 206 fédérations nationales, un record qui illustre l’universalité grandissante du mouvement cycliste. Elle bénéficie aussi d’une santé financière solide, avec plus de 50 millions de francs suisses de réserves fin 2024. Ces moyens permettent d’investir dans des projets ambitieux comme les Championnats du monde multidisciplinaires.

« Je suis très heureux parce que c’est quand même un peu mon bébé, cette affaire », glissait-il. Après une première édition en 2023 à Glasgow, ces Mondiaux reviendront en Haute-Savoie en 2027, avec 20 disciplines, plus de 10 000 athlètes et 289 titres distribués. Puis, cap sur le Trentin italien en 2031 pour une édition encore plus vaste. Au-delà de l’aspect sportif, ces Mondiaux multidisciplinaires représentent aussi une vitrine économique et marketing inédite pour l’UCI et ses partenaires, des sponsors globaux aux destinations hôtes, l’événement attire de nouveaux investisseurs et ouvre la voie à des marchés émergents.

Un mandat pour l’histoire

Malgré son échec à la présidence du CIO, David Lappartient reste l’incontournable patron du cyclisme mondial. Sa réélection sans rival est un gage de confiance, mais aussi une responsabilité immense, garantir un avenir durable à ce sport. Plus sûr, plus propre, plus universel. Son héritage ne sera pas mesuré à ses réélections sans rival, mais à sa capacité à rendre le cyclisme digne de la confiance retrouvée.