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LA MARCHE A PIED : UNE ACTIVITE PHYSIQUE ET SPORTIVE QUI RAPPORTE !


LES JEUNES DE MOINS DE 18 ANS ET LES SENIORS DE PLUS DE 65 ANS SONT LES PLUS NOMBREUX A PRIVILEGIER LA MARCHE

L’étude ne se contente pas de poser des chiffres, elle met en lumière les dynamiques sociales sous-jacentes à la pratique de la marche. Les jeunes de moins de 18 ans et les seniors de plus de 65 ans sont les plus nombreux à privilégier la marche, ce qui souligne son rôle d’activité intergénérationnelle, accessible à tous, sans seuil d’entrée économique ou technique. Par ailleurs, la grande disparité entre zones urbaines et rurales interpelle. À Paris, près de 38 % des déplacements se font à pied, alors que dans les territoires ruraux, la proportion tombe à 12 %. Ce contraste révèle une fracture territoriale qu’il devient urgent de combler pour que les bienfaits de la marche ne demeurent pas cantonnés aux centres urbains. La question de l’aménagement du territoire, avec des infrastructures adaptées comme des trottoirs continus, des zones apaisées, et une offre de services de proximité, est au cœur des débats futurs pour démocratiser et intensifier la pratique de la marche.

La valeur ajoutée d’un accroissement modéré de la part modale de la marche est évaluée à 35 milliards d’euros supplémentaires, ce qui donne une idée claire du potentiel économique inexploité. Cela invite naturellement à se demander comment les politiques publiques, les urbanistes, mais aussi les acteurs du sport et du marketing sportif peuvent s’engager concrètement pour faire de la marche un axe prioritaire de la mobilité active. Peut-on envisager une montée en puissance de la marche dans les stratégies territoriales, en lien avec la décarbonation des transports ? Comment intégrer la marche dans les offres commerciales et les événements sportifs au-delà de sa place actuelle dans la simple pratique de loisir ?

Pour Sport Stratégies, ces données soulèvent plusieurs pistes de réflexion stratégique. La marche, accessible à toutes les populations et porteuse d’une valeur économique majeure, pourrait être une opportunité pour les acteurs sportifs de repenser la manière dont ils intègrent la mobilité dans leur approche du bien-être et de la santé. Par exemple, les campagnes de sensibilisation à l’activité physique pourraient durablement intégrer la marche comme premier réflexe à renforcer, créant ainsi un pont entre sport public et sport de masse.

Il s’agit également de s’interroger sur l’éventuel rôle du sponsoring sportif dans cette dynamique. Comment les marques peuvent-elles exploiter la forte légitimité sociale et économique de la marche pour développer des produits ou services innovants ? Comment des événements sportifs peuvent-ils valoriser la marche, au-delà des courses et randonnées traditionnelles, en créant de nouvelles expériences porteuses de sens et de valeur ?

Par ailleurs, la question territoriale est centrale. Dans un contexte où les zones rurales et périurbaines restent encore largement sous-équipées pour permettre des modes actifs réellement pratiques, comment conjuguer les politiques sportives, écologiques et de mobilité pour impulser un changement positif ?

L’étude pose par ailleurs une interrogation cruciale : comment améliore-t-on la mesure et la reconnaissance des déplacements à pied dans un monde où la mobilité se complexifie avec la multiplication des trajets hybrides et intermodaux ? Quelles innovations technologiques et méthodologiques peuvent faciliter une meilleure prise en compte de la marche, et par conséquent une valorisation plus juste de ses bénéfices ?

LA MARCHE EST UN FACTEUR ESSENTIEL DE COHESION SOCIALE

Enfin, au-delà de la seule dimension économique, l’étude rappelle que la marche est un facteur essentiel de cohésion sociale, d’équité d’accès à la mobilité et de qualité de vie. Sa pratique favorise les interactions sociales, crée un rapport plus humain à la ville, et permet d’entretenir un lien direct avec les espaces naturels ou urbains. Cette dimension holistique invite à repenser les politiques sportives au prisme de cette approche intégrée santé-environnement-économie, bien loin des logiques segmentées qui dominent encore trop souvent. Sport Stratégies pourrait ainsi ouvrir un dialogue essentiel pour que les professionnels du sport, de la mobilité et de l’urbanisme travaillent ensemble à une vision partagée où la marche joue un rôle central dans la construction des villes et des territoires de demain.

En somme, la marche à pied, loin d’être une simple activité quotidienne anodine, se révèle être un capital à valoriser pour la société à plusieurs niveaux : santé, économie, transition écologique, cohésion sociale. En ce sens, elle constitue un levier stratégique à la fois pour l’aménagement des territoires, les politiques de santé publique et l’industrie du sport. Il s’agit désormais pour les acteurs concernés de passer de la prise de conscience à l’action concrète, sous peine de laisser perdre une opportunité unique de répondre globalement à plusieurs défis majeurs de notre époque.

Alain Jouve



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